Phantom Seer : une aventure qui restera prometteuse

Critique du manga de Tôgo Gotô et Kento Matsuura

Alex Bergeron
4 min readFeb 5, 2024

Malgré une finale précipitée, Phantom Seer est une série qui vaut le détour

HONOMIERU SHONEN © 2020 by Kento Matsuura, Togo Goto /SHUEISHA Inc.

Phantom Seer est un manga d’action et de surnaturel scénarisé par Tôgo Gotô et dessiné par Kento Matsuura (Tokyo Shinobi Squad). L’œuvre a été prépubliée d’août 2020 jusqu’en avril 2021 dans le magazine Weekly Shonen Jump de Shueisha. Il s’agit donc d’une série courte compilée en 4 tomes. En fait, la publication a été annulée par l’éditeur pour une raison inconnue. Le nombre de ventes du manga ne semble pas être en cause. En effet, plus de 10 000 copies ont trouvé preneurs à la première semaine de la sortie du tome 1 au Japon et une réimpression du tome 2 était annoncée en peu de temps.

La version française a été éditée par Kazé, maintenant nommé Crunchyroll, au cours de l’année 2022 dans leur collection estempillée shônen. L’on retrouve Géraldine Oudin (Frieren, Les Carnets de l’apothicaire) à la traduction et Erwan Lossois au lettrage.

HONOMIERU SHONEN © 2020 by Kento Matsuura, Togo Goto /SHUEISHA Inc.

Iori Katanagi est un jeune médium exorcisant des esprits maléfiques nommés phantom. C’est un prodige dans le contrôle des ombres et il est le seul en mesure d’utiliser la force du démon Ongyoki. Le problème est qu’il manque de motivation et que son objectif est plutôt de vivre une vie normale. Il se limite donc à accomplir les tâches exigées par sa grande sœur Yayoi, l’une des médiums les plus puissantes du Japon. Iori se voit d’ailleurs forcé de protéger Riku Aibetsu. Cette camarade de classe pense venir en aide à son entourage avec son sixième sens, alors qu’elle est plutôt une aimant à phantom et attire le mauvais sort sur les autres.

HONOMIERU SHONEN © 2020 by Kento Matsuura, Togo Goto /SHUEISHA Inc.

Le tracé de Kento Matsuura est assurément l’un des points forts de Phantom Seer. L’esthétique est moderne et l’attention aux détails va peut-être même au-delà de la moyenne des titres que l’on retrouve actuellement dans son magazine d’origine. L’entrée en action d’Ongyoki et les démonstrations des pouvoirs des médiums offrent des planches saisissantes.

Un élément distinctif du dessin qui est à souligner est le côté curviligne des designs des phantom qui sont anguleux et parfois déformés. C’est principalement là que l’on retrouve l’aspect horrifique du titre. Enfin, dans un tout autre registre, l’exagération de certaines réactions faciales du protagoniste revient à quelques reprises et cela permet de rendre les scènes humoristiques plus efficaces.

HONOMIERU SHONEN © 2020 by Kento Matsuura, Togo Goto /SHUEISHA Inc.

L’histoire de Phantom Seer ne brille peut-être pas par son originalité, mais Tôgo Gotô tire tout de même son épingle du jeu avec l’écriture de ses personnages. En plus de contrebalancer le je-m’en-foutisme d’Iori, Riku s’avère également devenir une alliée de taille grâce au développement de son pouvoir. D’un autre côté, Kenma Oigawa et sa relation fraternelle avec ses tengus mettent en lumière une tout autre façon de voir les phantom.

Contrairement à la volonté des mangakas, il est un peu difficile de considérer le premier tome comme appartenant au genre de l’horreur. L’atmosphère qui se dégage en début de lecture ne suscite pas vraiment de l’angoisse ou de la peur. Peut-être que le manque de sérieux du protagoniste et l’humour entourant cette facette de sa personnalité contribue à donner cette impression. Cependant, l’horreur est plus approfondie dans les tomes suivants, notamment dans l’arc contre la marionnettiste. Il aurait été intéressant de voir cette approche se poursuivre.

Il faut le dire, la fin du manga est plutôt frustrante. Avec son annulation, l’histoire se termine et reste incomplète. Plusieurs hôtes présentés ne seront jamais combattus comme “Le récit choral” et “Le faiseur de pluie”. Le mystère derrière l’événement de la nuit des cents démons ne sera jamais expliqué. Le pire est qu’Iori Katanagi n’aura pas le droit d’obtenir sa vengeance contre sa némésis. Il faut donc prendre cet aspect en considération avant de se lancer dans cette courte aventure.

Malgré une finale précipitée, Phantom Seer est une série qui vaut le détour. Le scénario de l’étudiant devenu exorciste est assez classique, mais c’est tout de même intéressant. De plus, les dessins des scènes d’action sont assez impressionnants.

Note : ★★★☆☆ (3/5)

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Critique manga amateur à temps partiel

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