Le Quotidien d’une épée maudite : d’une fantastique absurdité
Critique du manga de Nikiichi Tobita
Drôle et bien dessiné, mais manque un peu d’ambition au niveau du scénario
Le Quotidien d’une épée maudite est un manga de fantasy humoristique dessiné et scénarisé par Nikiichi Tobita. Cette série de 11 tomes a été prépubliée au Japon dans le magazine numérique Ura Sunday de la Shogakukan entre décembre 2018 et juillet 2021. Le mangaka avait déjà publié deux séries courtes auparavant, soit Monster X Monster et Shinobi Gataki. Puis, en 2022, il débute Elden Ring - Le chemin vers l’Arbre-Monde.
L’édition française du manga Le Quotidien d’une épée maudite est une présentation de Mana Books et le premier volume est paru en 2019. La traduction est d’Aline Kukor (Tôgen Anki — La légende du sang maudit, Mother Parasite) et l’adaptation graphique du studio Clair Obscur (Akane-banashi, The Bugle Call). Il est à noter que mon avis est basé sur les cinq premiers tomes seulement et que la série est toujours en cours de publication en français.
Le monde de Fantasia n’est plus ce qu’il était depuis l’arrivée des smartphones. La guerre entre les chevaliers et les forces démoniaques se fait désormais sur les médias sociaux. Nous allons suivre Lucas qui travaille comme un forcené dans une armurerie en perte de vitesse et qui s’occupe de sa petite sœur de 8 ans nommée Monica.
Celle-ci trouve une épée abandonnée au design plutôt macabre, mais pleine de surprises. Celle qu’elle nommera J.-B. (Justice Braver) est une épée amnésique dotée de conscience qui peut se faire pousser des jambes et des bras, parler et même voler. Alors que Lucas souhaiterait mener une petite vie tranquille, J.-B. se fait vite remarquer et devient même la mascotte officielle de l’Ordre des chevaliers du Royaume avec des goodies à son image. Pour ce qui est de passer inaperçu, on repassera!
Généralement, chaque chapitre présente une nouvelle situation du quotidien et possède son propre dénouement comme dans les épisodes de sitcoms. Lucas fait son possible pour contrôler les dégâts des aventures de Monica et de sa fidèle épée avec plus ou moins de succès. Il faut attendre le tome 5 pour qu’un événement soit d’une durée conséquente avec le tournoi de combats d’esprits (dont l’arène rappelle Dragon Ball). Les volumes sont plutôt denses en lecture en raison de l’omniprésence des gags, mais l’univers de Fantasia n’est que peu développée. Pour garder l’intérêt du lecteur, Nikichii Tobita introduit petit à petit de nouveaux personnages secondaires loufoques comme l’esprit du bouclier Ludo qui pratique le jardinage nu.
Le tracé du mangaka se distingue de la moyenne des autres titres humoristiques. Il y met effectivement un niveau de détail assez hors du commun, et ce, particulièrement sur ses personnages. Cela vient en revanche avec une certaine perte au niveau des mouvements. À l’exception des combats qui sont plutôt expéditifs, plusieurs planches peuvent sembler statiques.
L’efficacité des blagues est sans doute le point le plus important d’un manga comme Le Quotidien d’une épée maudite. Pour relever le défi, Nikiichi Tobita mise avec brio sur la comédie de situation et l’absurde. Par exemple, une épée capable de lancer des rayons laser, de trancher n’importe quelle matière et de détruire des montagnes va plutôt choisir de se battre avec ses poings. Une autre épée se retrouve en état d’ébriété, une transpiration magique parvient à guérir Dieu d’une maladie et Monica se transforme en magical girl adulte. Bien que certaines blagues soient un peu répétitives et que leur effet s’estompe, comme la nudité abusive de Ludo, la lecture demeure bien marrante. Les dessins ont bien sûr aussi un grand rôle à jouer, dont les réactions faciales exagérées.
En quelques mots, Le Quotidien d’une épée maudite est drôle et bien dessiné, mais manque un peu d’ambition au niveau du scénario. En effet, une impression de tourner en rond s’installe tranquillement et peut diminuer le plaisir de la lecture.
Note : ★★★☆☆ (3/5)